LUMIERE, REFLEXION ET GENIE
La rétrospective du photographe japonais est aussi un long parcours dans le temps et à travers Paris. Elle commence en 1973 par un regard mélancolique sur la toute petite part de ciel que lui accorde la lucarne de sa chambre du quartier latin. Ainsi naît « Fenêtre », la série fondatrice d’une œuvre qui n’aura de cesse de traquer la lumière et les jeux qu’elle invente avec la matière, comme le confirme Eclat, la seconde série qui vibre sur le phénomène toujours neuf de la réflexion. Avec « In Between », Keiichi Tahara traduit toujours en noir et blanc les impressions étranges suscitées par l’aube ou le crépuscule, quand les ombres s’allongent des dunes aux sables du rivage. A ces essais esthétiques répond l’importante suite de portraits constituée sur quatre années, quand la revue japonaise Ryuko-Tsushin avait demandé à Keiichi Tahara d’illustrer la chronique de la scène culturelle artistique à Paris tenue par le critique Michel Nuridsany. Ainsi renaissent en diptyque les acteurs de l’âge d’or des années 1978-1981, parmi lesquels on reconnaîtra Laura Betti, Peter Brook, Roy Lichtenstein ou William Burrows. Plus proche de nous, la série « Ecrans » accède enfin à la couleur pour livrer le faux jour des artifices contemporains de l’image-vitrail dans une vision aussi mystérieuse que spectaculaire.
Hervé Le Goff
- Keiichi Tahara, Sculpteur de lumière.
Maison européenne de la photographie, 5/7 rue de Fourcy, paris 4e. Jusqu’au 2 novembre 2014. - Keiichi Tahara, Fenêtres et Eclats.
galerie Taka Ishii, 11, rue Vieille du Temple, Paris 3e, jusqu’au 25 octobre.