Eadweard Muybridge, un pionnier de la photographie du XIXᵉ siècle

10 février 2025

Connu pour ses photographies décomposant la course d’un cheval, Muybridge est à l’honneur dans la bande dessinée « Pour une fraction de seconde » de Guy Delisle, publiée aux éditions Delcourt. L’ouvrage retrace la vie de l’homme qui, par ses inventions, a fait évoluer la photographie ainsi que l’étude du mouvement.

Né en 1830, à Kingston upon Thames dans la banlieue de Londres, Edward James Muggeridge, qui prendra par la suite le nom d’Eadweard Muybridge, émigre aux États-Unis en 1855. Il y exerce tout d’abord le métier de libraire tout en s’adonnant à sa passion pour la photographie. L’art est naissant, et encore dominé par la technique du daguerréotype avant que ne soient inventés le collodion humide et les émulsions au gélatino-bromure d’argent. Muybridge se distingue rapidement par ses clichés de paysages américains, notamment de la vallée de Yosemite, 50 ans avant qu’Ansel Adams y réalise ses célèbres photographies.

 

 

Ansel Adams, un photographe écologiste qui a marqué son époque

Leland Stanford, le précieux mécène
Parmi ses clients, le photographe compte un homme d’affaire puissant, Leland Stanford, gouverneur de Californie et passionné d’élevage équin. Souhaitant déterminer si lors du galop, les quatre sabots d’un cheval quittent simultanément le sol, Stanford engage Muybridge en 1872 et le met au défi de réaliser des photos comme preuve du phénomène. Après plusieurs tentatives infructueuses, Muybridge développe en 1878 un système innovant qui le fera entrer dans l’histoire. Pour réaliser ces clichés révolutionnaires, il apporte des améliorations significatives au matériel photographique de l’époque. Il conçoit notamment des obturateurs mécaniques à grande vitesse, de l’ordre de 1/1000s, et met au point des systèmes de déclenchement électromécaniques pour synchroniser les prises de vue. Tout ceci étant permis par les évolutions des émulsions photographiques devenues plus sensibles. Grâce à 24 appareils photo chargés au collodion humide, disposés le long d’une piste et dont les déclencheurs étaient actionnés par des fils heurtés par le poitrail du cheval, Muybridge réalise des images séquentielles du mouvement. Cette approche permit de confirmer que, lors du galop, les quatre sabots quittent effectivement le sol simultanément.

 

Une contribution majeure à l’étude du mouvement

À partir de là, Muybridge s’intéresse au mouvement en général, de l’animal et de l’humain. En 1879, il crée le zoopraxiscope, un dispositif projetant des images animées, qui préfigure le cinéma – le cinématographe des frères Lumière verra le jour en 1895 – et influence durablement les domaines de la photographie, de la science et des arts visuels. Entre 1883 et 1886, à l’Université de Pennsylvanie, il réalise plus de 100 000 images décomposant les mouvements humains et animaux et constitue ainsi une base de données visuelle sans précédent. En 1887, il publie notamment la série « Animal Locomotion » comprenant 781 planches soit plus de 20 000 images décomposant les mouvements humains et animaux dont l’essentiel est conservé dans la collection de l’université de Pennsylvanie. Le musée d’Orsay à Paris, le Kingston Museum au Royaume-Uni et l’université de Stanford possèdent également des études sur le mouvement équin, un zoopraxiscope ainsi que des disques et des négatifs sur plaque de verre de Muybridge.

 

Une vie tumultueuse

À travers un récit richement documenté et illustré, l’auteur canadien Guy Delisle a choisi de retranscrire en bande dessinée les exploits techniques du photographe Muybridge, mais aussi ses déboires personnels, notamment l’épisode tragique où il tue l’amant de sa femme. L’ouvrage restitue l’atmosphère du XIXᵉ siècle et dresse le portrait d’un homme obsédé par la capture du mouvement, prêt à défier les conventions de son temps pour atteindre ses objectifs. La bande dessinée est éditée par Delcourt sous le titre « Pour une fraction de seconde. La vie mouvementée d’Eadweard Muybridge » et est l’occasion de faire la lumière sur le parcours d’un photographe visionnaire.

La photographie a 200 ans et a connu de nombreuses évolutions portées par des prouesses technologiques et par les recherches de photographes auxquels les élèves de l’école EFET Photo sont sensibilisés lors de leur formation. Chaque cursus comprend des enseignements pratiques et théoriques, sur les systèmes modernes et sur l’histoire de la photographie.

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