Bien qu’ancienne, la photographie argentique connaît un regain d’intérêt auprès des jeunes générations qui apprécient son rendu singulier et son caractère artisanale et authentique. Elle repose sur un processus chimique qui transforme l’image latente crée par l’exposition à la lumière en une photographie composée d’argent métallique ou de colorants. Explorons ensemble en quoi consiste ce développement.
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Qu’il s’agisse d’un film utilisé à la prise de vue ou d’un papier argentique pour le tirage, le principe de fonctionnement d’un développement argentique reste le même. Car chacun de ses supports contient des halogénures d’argent, des composés chimiques combinant des ions argent à des halogènes. Les plus couramment utilisés en photographie sont les bromured’argent (AgBr), chlorure d’argent (AgCl) et iodure d’argent (AgI). Ces composés sont sensibles à la lumière : lorsqu’ils sont exposés, ils se transforment en cristaux. C’est ce que l’on appelle l’image latente. À ce stade, elle est invisible et c’est le développement du film ou du papier qui va rendre l’image visible.
Un procédé en plusieurs étapes
Le développement d’un film ou d’un papier argentique est une suite de bains dans lesquels se produisent des réactions chimiques d’oxydo-réduction.
La première étape est celle du révélateur, une solution au PH basique qui va réduire les ions argent exposés à la lumière en argent métallique. C’est une étape cruciale du développement : un passage trop court dans le révélateur et l’image qui se formera sur le film sera peu visible tandis qu’un passage trop long entraînera la réduction de trop nombreux ions argent. Car l’exposition joue un rôle de catalyseur dans cette réaction en facilitant le développement des cristaux de l’image latente. Mais à la longue, les autres halogénures d’argent qui n’ont pas été exposés pourraient aussi être réduits en argent métallique. L’agitation a également une incidence sur le rendu final et notamment sur le contraste. Il faut donc scrupuleusement respecter la température, la durée et la méthode préconisées par le fabricant du révélateur choisi.
Le bain suivant sert à stopper nette la réaction du révélateur pour éviter un surdéveloppement. D’où son nom de « bain d’arrêt ». C’est un bain acide souvent composée d’acide acétique. Son action est totale.
Les ions argent qui restent dans les zones non développées vieillissant mal, il faut ensuite les éliminer du film ou du papier pour éviter que ce dernier ne s’opacifie avec le temps. C’est le rôle du troisième bain chimique actif d’un développement noir et blanc : le fixateur. Généralement composé de thiosulfate d’ammonium, le fixateur rend les halogénures d’argent solubles dans l’eau et les élimine donc de l’émulsion. Il va stabiliser l’image photographique du film ou du papier.
Un abondant rinçage à l’eau est ensuite nécessaire pour éliminer toute trace de fixateur qui vieillit lui aussi mal et peut entraîner un jaunissement des épreuves avec le temps. Le film ou le papier doit ensuite être correctement séché.
Le cas particulier de la couleur
Le principe général d’un développement couleur est le même qu’en noir et blanc. Si ce n’est qu’en plus de réduire les ions argent en argent métallique, il consiste à développer les coupleurs de colorants, incolores, contenus dans les films ou les papiers pour former des colorants jaune, magenta et cyan. Le révélateur utilisé est donc un révélateur chromogène un peu plus complexe que le révélateur noir et blanc. Le processus de développement d’un film positif, également appelé diapositive ou inversible, repose sur un développement noir et blanc standard, suivi d’une inversion. Elle consiste à insoler, chimiquement ou à la lumière, les zones qui ne l’avait pas été au moment de l’exposition – d’où le terme d’inversible – avant de procéder au passage dans un révélateur chromogène.
Suite à ces différentes étapes, un film couleur contient à la fois de l’argent et des colorants. La suite du traitement sert à éliminer tout l’argent du film pour que l’on voit correctement les colorants et pour assurer une bonne stabilité des épreuves. Le bain de blanchiment va oxyder tout l’argent métallique révélé par les bains précédents et le fixateur les éliminer de l’émulsion. Si bien qu’au final un film ou un papier couleur ne contient plus du tout d’argent. Les procédés couleurs sont normalisés. Celui du développement négatif couleur des films répond au nom de C41, les films inversibles couleur sont développés selon le processus E6 et les papiers négatifs couleur en RA4.
Toutes les formes de photographies, numériques et argentiques, sont enseignées à l’EFET Photographie. Les élèves apprennent la théorie des différents procédés et la mettent en pratique, en pratiquant le développement et le tirage noir et blanc dans le laboratoire de l’école, en suivant de nombreux cours pratiques de retouche numérique et en procédant à l’impression numérique de leurs photographies.