Barbara Crane

3 décembre 2024
Les expérimentations photographiques de Barbara Crane

 

Peu connue en France, la photographe américaine Barbara Crane (1928-2019) profite jusqu’au 6 janvier d’une exposition monographique organisée par le centre Pompidou à Paris. Une occasion unique de voir les tirages de cette artiste polymorphe pour qui la photographie a toujours été un formidable terrain d’expérimentation.

 

Initiée à la photographie par son père alors qu’elle est encore toute petite, Barbara Crane développe une grande sensibilité pour l’image, réalise des études en Histoire de l’art et fait preuve très tôt d’un sens poussé de l’expérimentation. Mariée à 20 ans et mère de trois enfants à 28 ans, elle se trouve, comme beaucoup de femmes de son époque, contrainte dans sa liberté de travailler par la nécessité de s’occuper de ses enfants, mais fera alors d’eux ses premiers sujets d’étude et d’expérimentation sans jamais qu’ils ne soient reconnaissables sur ses images. Elle produira dans le cadre de son diplôme à l’Institute of Design de Chicago, entre 1964 et 1968, la série Human Forms avec une chambre 4×5″ dont les tirages sont visibles dans l’exposition et s’inscrivent comme ses premières recherches autour de la lumière et des formes.

 

Des procédés variés

Doubles expositions à la chambre pour Neon series, protocole strict d’inventaire pour People of the North Portal, répétitions, multiplications et mises en forme pour Whole Roll, Baxter Labs ou encore Repeats : les séries présentées par le centre Pompidou montrent combien la créativité de Barbara Crane fut bouillonnante et son besoin d’expérimentation permanent. Celle qui enseignera la photographie au lycée de 1964 à 1967 puis à la School of the Art Institute de Chicago de 1967 à 1995 était à la fois une artiste sensible, une photographe à l’approche documentaire et une grande technicienne. « Son œuvre est remarquable par la synthèse qu’elle opère entre la tradition de la straight photography américaine et une sensibilité plus expérimentale, héritée des avant-gardes européennes, typique des enseignements de l’école de Chicago » explique la commissaire d’exposition Julie Jones en introduction au parcours proposé par le centre Pompidou. Preuve de cette connaissance technique poussée, Barbara Crane utilisera tous types d’appareil photo, de la chambre 4×5″ au 35 mm, de supports, du film noir et blanc, de la couleur, ou du Polaroid – avec qui elle va même travailler en direct -, et poussera ses expérimentations jusque dans la réalisation des tirages à l’agrandisseur ou l’usage des technologies numériques, utilisant chacun de ces procédés comme source de création. Outre son travail abstrait, Crane a documenté des aspects culturels et sociaux de la vie urbaine. Dans « Chicago Loop », par exemple, elle a capturé la dynamique humaine de la ville, montrant à la fois une fascination pour les foules et une attention méticuleuse aux détails. « Comme souvent dans le travail de Crane, l’oeuvre ne prend sens qu’à travers une rigoureuse opération de répétition, de démultiplication, de mise en forme séquentielle. Qu’elle pointe son objectif vers un groupe d’hommes ou sur des débris de petite taille, l’artiste assemble une surabondance de motifs dans des compositions aux allures de mosaïques énigmatiques. » peut-on par exemple lire en commentaire de la série Whole Roll.

En consacrant à Barbara Crane cette première monographie d’envergure, le centre Pompidou rend hommage à cette photographe injustement peu connue en Europe et qui a influencé des générations de photographe. L’exposition est en accès libre et gratuit au centre Pompidou à Paris jusqu’au 6 janvier tous les jours sauf les mardis de 11h – 21h.

 

Entre technique et culture de l’image, l’école EFET Photo dispense à ses élèves un enseignement complet leur permettant de développer leur propre style et de s’adapter aux différentes facettes du métier de photographe. La visite d’expositions et l’analyse d’image sont une composante importante de cet apprentissage

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